Article paru dans le R.L. du 18 mai 2021
mardi 18 mai 2021
Alphonse Barthel était déporté résistant. Ses enfants ont fait les démarches pour que lui soit attribuée la Légion d’honneur. Elle a été accordée mais la crise sanitaire a différé sa remise. Il est décédé avant que le préfet ne lui épingle cette reconnaissance de la patrie.
« La vie de résistant déporté de notre père aurait dû lui permettre d’obtenir depuis longtemps la Légion d’honneur » soulignent ses enfants. Ils racontent : « Notre père avait été marqué par les mémoires de guerre de notre grand-père qui avait été soldat dans l’armée allemande pendant la Grande Guerre en Russie. Entre octobre 1943 et mars 1944, il avait effectué son service en Bavière. Le conseil de révision l’avait affecté dans la SS. Rentré à Metz avant son service militaire, il avait été convoqué à Prague afin d’être incorporé dans la Waffen-SS. Ses parents s’y étaient opposés et avaient pris contact avec un ami cheminot. Il était en lien avec la filière mosellane du réseau « Marie-Odile » issue des FFC. Il l’avait aidé à passer la frontière ».
Détenu au fort de Queuleu…
Alphonse Bartel était alors hébergé dans un appartement près de l’ancienne gare, avec de faux papiers au nom d’Alphonse Guillard. Il devait rejoindre son frère en zone occupée à Melun. Mais victime d’un guet-apens de la Gestapo, il a été fait prisonnier. Détenu au fort de Queuleu, portant le matricule 912, il a été interrogé, emprisonné dans la cellule collective n° 5 « où il devait rester assis sur un banc, les mains liées et les yeux bandés ». Après l’évasion de quatre prisonniers, le 19 avril 1944, il devait participer aux corvées de camp. Il fut alors transféré dans la cellule des travailleurs et affecté à des travaux d’entretien et aux corvées.
…puis à la prison judiciaire de Metz, rue Maurice Barrès
« Lorsqu’il fut affecté à l’extérieur du camp dans l’enceinte du fort, qu’il a réalisé qu’il était à Metz. Il fut transféré le 2 juin 1944 à la prison judiciaire de Metz, rue Maurice-Barrès. « Menotté en permanence, il portait le numéro d’écrou 2/9/44 et avait été condamné à mort le 14 août 1944. Il fut libéré de la prison le 2 septembre de cette même année au moment de la panique des autorités allemandes face à l’approche américaine. »
Le titre de déporté résistant
Alphonse Barthel a obtenu le titre de déporté résistant après la guerre. Il est malheureusement décédé sans avoir reçu des mains du Préfet la Légion d’honneur. Le 8-Mai dernier, ses enfants n’ont pu assister à la cérémonie au fort de Queuleu au milieu des autorités, du fait des mesures sanitaires. « C’est ce qui nous a fait le plus mal » témoignent-ils.
Un hommage du Maire
Lors de la cérémonie en comité restreint devant le monument aux Morts de Montigny, sans public, ses deux fils ont pu entendre Jean-Luc Bohl rendre hommage à leur père. Une consolation pour se souvenir du dernier membre du réseau Marie-Odile.