1848 – 1858 La politique nationale et ses répercussions à Montigny-lès-Metz
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1848 – 1858
La politique nationale et ses répercussions à Montigny-lès-Metz
La révolution de 1848 ne peut être dissociée d'un vaste mouvement de révolutions romantiques et démocratiques qui ont affecté toute l'EUROPE.
1848 a aboli les derniers liens serviles et a précipité le processus de formation d'états nationaux notamment en Italie et en Autriche. En France, ces événements ont mis fin à la monarchie et l'abdication du roi Louis Philippe 1er, lui-même en place à la suite d'une révolution en Juillet 1830.
En effet, cette révolution appelée aussi Révolution de Juillet, qui porte sur le Trône de France, un nouveau roi Louis Philippe 1er (la monarchie de Juillet) qui succéda à la Seconde Restauration (27, 28, 29 juillet 1830).
La 2ème République, proclamée le 24 février 1848, est bien accueillie par le peuple français. Le suffrage universel est restauré. Le clergé, s'étant rallié, consent même à bénir des arbres de la liberté. Mais tel n'est pas le cas à Montigny.
La Révolution de 1848, qui éclata sur un fond de crise économique, comporte deux groupes antagonistes, d'un côté les socialistes, de l'autre les conservateurs. Le conflit entre les deux partis éclata dès le 15 mai. L'Assemblée ayant pris des mesures contre les ouvriers des Ateliers nationaux, ces derniers répondirent par l'émeute. Celle-ci fut- réprimée durement, dans le sang, par le général CAVAIGNAC entre le 23 et le 26 juin 1848.
Ce bain de sang, véritable massacre, fera 4000 victimes parmi les révolutionnaires et 1500 dans la troupe. C'est cet événement qui a des répercussions à Montigny. En effet, les conseillers municipaux, à la date du 10 juillet 1848, décident de « voter des remerciements aux vainqueurs des journées de Juin, (ils) ont déclaré spontanément et à l'unanimité que vivement émus par le récit des glorieux faits d'armes qui ont fait triompher la cause de l'ordre de celle de l'anarchie, ils votent les remerciements aux gardes nationales, mobiles républicaines et à l'armée, persuadés que c'est à la valeur de ces différents corps comme à celle de l'illustre général, sous les ordres duquel ils ont combattu, que nous sommes redevables du maintien de l'ordre social et de la vraie liberté ». La lecture de ce texte fait comprendre pourquoi le conseil a été silencieux à propos des journées révolutionnaires de février 1848. La majorité rurale, agricole, du village s'oppose aux ouvriers « partageux » de Paris.
Au mois de décembre, le conseil est informé que le gouvernement offre à chaque commune, si elle en fait la demande, un drapeau tricolore. Ce drapeau est confectionné à Lyon et seuls les frais d'emballage et de transport sont à acquitter. La commune de Montigny accepte ce « don patriotique ». Les communes où le maire et l'adjoint ne peuvent s'acheter personnellement l'écharpe tricolore peuvent les faire acheter sur fonds communaux. Ainsi en est-il fait le 17 décembre 1848. Cela tendrait à prouver que maire et adjoint ne se recrutent pas dans les familles très fortunées.
Le nouveau régime organise, au suffrage universel masculin, les élections municipales le 30 juillet 1848. Il y a 259 votants. La commune ayant droit à douze élus, ces derniers sont désignés dès le premier tour. Sept de ces derniers figuraient déjà dans l'ancien conseil, ce qui montre une certaine stabilité. On sent toutefois une légère montée des « petits ». Ainsi tel candidat aux élections de 1847 et qui n'avait obtenu alors que 10 voix en recueille maintenant 147 et est élu. Tel autre passe de 16 à 152. L'ancien maire, M. de COURCELLES, avec seulement 121 voix, n'est pas réélu, de même que quatre autres ex-conseillers.
Petit à petit, la République vire de plus en plus vers l'Empire. Le 10 décembre 1848, Louis-Napoléon est élu Président de la République par 5 millions de voix contre 1 400 000 au général CAVAIGNAC, 370 000 à LEDRU-ROLLIN et 36 000 à RASPAIL. Ouvriers et surtout paysans ont voté pour le Prince-Président.
Le 15 juillet 1849, le maire Nicolas BODOT démissionne ; il est remplacé par son adjoint Charles FONCIN. Est-ce à mettre en relation avec l'évolution de la politique nationale ?
Le coup d’État du 2 décembre 1851.
Le Prince Président Louis-Napoléon, depuis son élection à la charge suprême, préparait soigneusement la restauration de l'Empire. Les préfets étaient des agents de propagande actifs et puissants. Le Prince Président avait visité la ville de Metz les 25 et 26 août 1850 et pouvait se rendre compte de l'esprit républicain qui régnait dans la ville. Lors de la réception à la préfecture, les gardes-nationaux crièrent : « Vive la République ! Rien que la République ! ». Si les campagnes étaient sensibles à l'ordre et à la paix, ce que le Prince Président garantissait (« L'Empire, c'est la paix ! »), il n'est pas exclu que l'influence de Metz se fit sentir jusqu'à Montigny. La révocation du maire de Montigny, Charles FONCIN, par arrêté préfectoral en date du 15 décembre 1851, semble en être une conséquence directe. L'arrêté déclare « Art. 1. Le sieur FONCIN, maire de la commune de Montigny-lès-Metz, est suspendu de ses fonctions. Art. 2. Il sera remplacé par M. de COURCELLES, ancien maire, ancien officier de cavalerie, chevalier de la Légion d'honneur, à qui les papiers d'archives de la mairie seront remis sans délai ».
Cela ne suffit pas. La suite des articles proclame : la dissolution du conseil municipal, la révocation du sieur THIRIOT comme adjoint, la nomination d'une commission de douze membres pour administrer la commune. Ces derniers sont nommés immédiatement. On y trouve des noms qui avaient disparu des listes avec l'avènement de la IIe République.
Par le coup d’État du 2 décembre 1851 , le Prince Napoléon obtint tous les pouvoirs. Le plébiscite du 20 décembre 1851 conféra à Louis Napoléon le pouvoir de faire une constitution. Celle-ci fut promulguée le 14 janvier 1852. Le plébiscite du 20 novembre rétablit l'Empire par 7 839 000 oui, contre 253 000 non.
On est donc en pleine réaction. Celle-ci s'était déjà manifestée par le vote de la loi Falloux (15 mars 1850).
Monsieur de COURCELLES est élu maire (1852).
La première élection municipale sous le second Empire s'est déroulée le dimanche 5 septembre 1852. Le scrutin a débuté à 8 heures et a été clos à 16 heures. On a dénombré 305 votants. M. de COURCELLES arriva en tête avec 285 voix, mais 16 élus seulement avaient plus de la majorité absolue. Les élections n'étaient guère libres. M. de COURCELLES était le candidat officiel, appuyé par l'Administration.
Il sera maire pendant encore 3 années, il mourra en 1855 dans un accident à Metz.
La Constitution du 14 janvier1852, qui s'inspirait de celle de l'An VIII, donnait au Prince Président un pouvoir quasi dictatorial pour une période de dix ans. Mais cela ne suffisait pas. Louis-Napoléon aspirait à la restauration de l'Empire. Il supprima la Garde nationale, rétablit l'aigle, emblème impérial, sur les drapeaux, développa une cour brillante. Ses agents, notamment les préfets, sont chargés de préparer l'opinion au retour de l'Empire. Lors des cérémonies officielles, on fait, ou laisse crier « Vive l'Empereur ». Les municipalités sont incitées, par l'Administration, à voter des motions demandant- le rétablissement de l'Empire. Montigny se joint à ce mouvement en votant le motion suivante :
1852.
« A son Altesse Impériale le Prince Louis-Napoléon
Monseigneur,
Le conseil municipal de la commune de Montigny-lès-Metz, désirant s'associer à la manifestation unanime et éclatante qui vient de se produire dans toute la France, veut aussi avoir l'honneur de vous offrir l'hommage de son respectueux dévouement et ainsi que l'expression de la profonde reconnaissance pour l'énergie des mesures prises depuis le 2 Xbre dernier. Mais le plus ardent de ses vœux, serait de voir le proclamation de l'Empire et le pouvoir se perpétuer entre les mains de votre Altesse si dévouée à la France et qui seul peut en assurer le salut et la prospérité ».
La motion ne porte pas de date, mais figure sur le registre des comptes rendus des séances du conseil municipal entre les procès-verbaux des 17 octobre 1852 et 28 octobre 1852. Or le Sénatus-Consulte du 7 novembre 1852 rétablit la « dignité impériale ». Le peuple ratifie cette décision par 7 800 000 OUI contre 250 000 NON. La proclamation de l'Empire a lieu le jour anniversaire du sacre de Napoléon Ier, le 2 décembre 1852. A Montigny, 94,3 % des votes étaient favorables. Le préfet décide de faire inscrire le résultat du vote dans le registre du conseil municipal, ainsi que dans le recueil des Actes administratifs du département.
La naissance du Prince Impérial (1856)
« A Sa Majesté Napoléon III Empereur des Français
Sire
Le conseil municipal de la commune de Montigny-lès-Metz vient assurer votre Majesté qu'il partage la joie dont tous les Français sont pénétrés en ce moment ; il partage tout le bonheur que vous éprouvez. Sire, en voyant vos vœux exaucés par la naissance du Prince Impérial, gage certain de paix, de bonheur pour la France et pour l'Europe toute entière puisqu'il consolide et perpétue votre glorieuse dynastie.
Le conseil municipal prie votre Majesté de vouloir bien agréer ses humbles félicitations, comme hommage de son respectueux dévouement.
En séance le 23 mars 1856 »
1858.
ORSINI, un patriote italien, voulant punir Napoléon III d'avoir trahi la cause de l'unité italienne, organise avec 3 complices un attentat à la bombe sur la voiture de l'empereur lorsque celui-ci se rendit à l'opéra de PARIS le 14 janvier 1858. Il y eut 12 morts et 156 blessés. Napoléon III eut la vie sauve ainsi que l'impératrice. Napoléon en profita pour accentuer son autorité. Les préfets firent pression sur les communes pour qu'elles manifestassent leur désapprobation. C'est dans cet esprit qu'il faut comprendre l'adresse votée par le Conseil municipal de Montigny le 17 janvier, 3 jours après l'attentat.
« Sire,
Le conseil municipal de la commune de Montigny-lès-Metz a l'honneur d'assurer votre Majesté, qu'il remercie la providence divine de ce qu'il lui a plu de détourner, pour le bonheur de la France et et de l'Europe, la balle homicide dirigée par la main coupable d'un lâche assassin contre votre personne et celle de sa Majesté l'Impératrice ; qu'il félicite bien sincèrement son bien aimé Souverain et sa bien aimée Souveraine de ce qu'ils ont triomphé si miraculeusement d'un attentat odieux, qui avait nécessairement pour but de jeter notre belle France dans l'anarchie. Dieu ne l'a pas voulu, parce qu'il protège l'Empereur et son Auguste famille, parce qu'il protège la France ».
Quant à ORSINI et ses 3 complices très vite arrêtés, jugés seront condamnés. Orsini et un de ses complices seront exécutés le 13 mars suivant. En montant à l'échafaud, il criera « Vive la France et Vive l'Italie ».
De ces différentes motions et adresses du Conseil municipal de cette époque, on constate que celui-ci avait adopté une attitude plutôt tiède ou s'était conformé aux directives de l'administration et s'était rangé du côté du parti de l'ordre et contre l'anarchie.
1870.
Napoléon III abdique après avoir été défait par la Prusse et le triste épisode de la Commune, avec ses 100 000 victimes selon certaines sources, ses arrestations et déportations, donnera naissance à la troisième République.
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