La fin de l’épopée du rail aux ateliers SNCF

Un pan d’histoire de Montigny-lès-Metz est sur le point de disparaître du paysage. Il s’agit des Ateliers SNCF de Montigny. L’amertume se lisait sur le visage des anciens ouvriers lors de leurs premières retrouvailles au restaurant Le République, de Marly, il y a quelques jours.
Aujourd’hui, seul le bruit des pelles et autres engins de demolition se fait entendre du côté des rues Saint Victor, des Ateliers et Litaldus.
A lire aussi
De grands changements
Un déclin inexorable
« Dans ce quartier de Montigny, on faisait la révision et l’entretien des wagons plats à bogies de grande longueur », explique Marcel, un retraité. « J’ai vu fondre l’activité sans pouvoir, malgré mon militantisme, arrêter inexorablement le déclin de ce lieu. C’était un important établissement sur le plan régional comme sur le plan national. Avec d’autres centres du même type, situés aux quatre coins de France, on assurait cette maintenance et nous adaptions le parc de wagons à marchandises de la SNCF ».
La ligne Metz-Nancy
L’histoire a débuté lors de la construction de la ligne Metz-Nancy en 1850 avec un dépôt de locomotives. Six ans plus tard il fut transformé en atelier pour les réparer. Puis il a fallu penser à la maintenance des voitures et wagons d’où la première extension. L’Annexion allemande n’a fait que conforter cet outil. En 1918, la Compagnie des chemins de fer d’Alsace-Lorraine modernise les lieux, construit de nouveaux bâtiments. Les locomotives à vapeur 040 (série G8 de l’ancien réseau AL) y retrouvent une nouvelle jeunesse.
« L’endroit était tellement stratégique que les ateliers ont été bombardés trois fois entre 1939 à 1944. Les dégâts furent colossaux : destruction partielle des ateliers de locomotives, destruction totale des ateliers de voitures et wagons. Les Allemands ont même dynamité ce qu’il en restait avant de fuir devant l’avancée des Américains » Actuellement la Région et l’État réfléchissent avec la municipalité au devenir de ce lieu. Une centaine de personnes continuent d’y travailler.
Un sentiment de gâchis
Lors de repas qui réunissait plus de 80 anciens, il évoquait toujours ce ressenti de gâchis « Je n’arrive pas à comprendre pourquoi on a laissé tomber ce site. Sur les 14ha dont 44 500 m2 d’ateliers, avec toutes les voies ferrées in situ : 3400 couvertes dont 980 avec fosse, plus de 7700 m de voies extérieures, et 4 400 m de pistes, on avait un bel outil de travail »
De grands changements
près la Libération, tout a été restructuré. On trouvait sur le site l’arrondissement du Matériel ; les ateliers de locomotives à vapeur spécialisés dans la réparation des locomotives 141 R, livrées par l’industrie américaine fin 1945 ; et l’Entretien pour la réparation des wagons. L’électrification a apporté son lot de changements. 1966, 1969 et 1972 ont été des tournants décisifs. L’arrondissement de Metz Traction et Matériel Montigny fusionnent, et l’Entretien devient établissement directeur pour 21 500 wagons plats à bogies de grande longueur, 13 500 tombereaux à essieux, 1 000 de service. Activité qui débouche sur celle de l’entretien et de réparation des bogies et des essieux à partir de 1975 : 1 600 bogies Y19 et 19A, mais aussi 105 000 bogies Y 25 ».